ar une longue journée de la Fête des Mères (en Amérique le 2e dimanche de mai), un certain Frank Zappa émergea sur la scène musicale par le biais de la création des Mothers... of Invention. Pendant quelques 14 ans Il n’a cessé de fournir à ceux qui voulaient bien se donner la peine d’écouter, un style de musique bien éloigné des équilibres de cette époque.., et d’autres.

    issertation et commentaires à propos de sa philosophie ne seraient que des devinettes. Nous en resterons donc là. Une qualité sonore et de composition sans compromis liée à un commentaire social digne d’intérêt » forment le standard prédominant dans sa quête de la qualité de la reproduction sonore. J’ai assisté aux quatre concerts de F. Zappa à l’Hammersmith Odeon en janvier, et j’ai pu passer quelque temps avec son équipe et ses techniciens, à leur retour fin février... J’ai commencé mes conversations (durant le montage et démontage du matériel) avec David Gray, l’homme qui est derrière toutes les guitares, leurs effets et amplis. L’appareil le plus intéressant est la Boîte bleue, conçue pour Frank par Klaus Wiedeman. C’est un rack d’effets de 48 cm utilisé pour la guitare de Frank, et qui requiert toute l’attention de David. Etant donné que Frank n’utilise pas de fil pour sa guitare, le signal est transmis par un système très comparable à celui des microémetteurs, sans qu’il y ait à déplorer, même aux plus grandes distances, une dégradation du signal. Qui est reçu par une pédale qui sélectionne l’effet voulu ou la combinaison d’effets, et parcourt le « serpent » jusqu’à la Boîte bleue. Il est ensuite divisé en quatre signaux contrôlés de façon indépendante et reliés à des amplis tampons pour maintenir leur intégrité. Les tampons ne compensant pas un éventuel défaut, mais assurant simplement que le signal demeure « chaud » lors du processus de séparation. Le signal est ensuite envoyé dans un pré-ampli Alembic, vers le module d’effets spéciaux. Comme d’autres matériels de Frank. Il a été modifié pour ajouter un canal mono additionnel, dans ce cas un « Harmonizer ». Les effets utilisés dans la Boîte bleue ont pour noms: MXR, Ligne à retard Digital, Distortion « Big Muff », Space Echo, Harmoniseur Eventuel, BI-Phase et Compression DBX. Presque chaque élément a été modifié par David pour répondre à de nouvelles spécifications, afin d’être adaptables à d’autres maillons de la chaîne, ou pour modifier la fonction de tel ou tel élément, selon le son que veut obtenir Frank. Ils sont en Interface en boucle, le signal étant en attente à chaque module pour répondre instantanément au relais de commutation choisi. Ce système comprend aussi des processeurs de type « Burwen », qui renferment une large gamme de signaux d’entrée. Et des limitateurs. Pour ceux qui détestent ces appareils obéissants, qu’ils sachent que sur scène Frank utilise le mode de compression DBX, qui a sa préférence, et qui fait partie de la subtilité sonore rendue.

    omme je l’ai déjà dit, le signal est divisé en quatre sorties, qui prennent le contrôle de l’intensité et du mélange sonore. Prise en charge ensuite par une table de mixage Yamaha 4X, ce qui laisse une entrée libre à Frank pour le micro de voix, permettant ainsi des effets spéciaux et une égalisation. L’amplification est assurée par un « Mesa Boogie », et le tout envoyé aux Marshalls.

     l’écoute, Il apparaît qu’un tel système, aussi sophistiqué, se trouve complètement justifié. Et Frank et son équipe sont si pointilleux sur la qualité qu’ils réorganisent régulièrement les modules pour rechercher l’ordre idéal des effets. Au moment où je quittai David, il sortait les guitares et s’apprêtait à essayer tout le système... les 24 modules. Puis il s’occupa du matériel utilisé par le bassiste et le 2e guitariste.

    a conversation suivante eu lieu avec Klaus Wiedemann. Comme responsable de la conception de la Boîte bleue, Il peut être considéré comme un génie. Il met maintenant ses connaissances au service du son lui-même en réparant les amplis de puissance. Je ne donnerai pas la marque des baffles puisqu’ils doivent bientôt être remplacés par un système sur mesure, conçu et réalisé par Klaus à la demande de Frank. Le système de base actuel est composé de baffles « bass-reflex » à évent frontal, avec une rangée d’aigus semblable à un radiateur, et une trompe de medium. Les baffles sont équipés de filtres individuels travaillant plutôt vite avec des pentes de coupure à l2Db/octave. Et bien que ce taux puisse paraître vicieux, il était tout à fait efficace compte tenu des niveaux utilisés.

    a réparation qui se déroulait pendant notre conversation avait pour cause une faiblesse de câblage, le genre de défaut auquel le fabricant aurait pu remédier. Il est curieux de constater qu’un matériel soi-disant conçu pour les tournées soit si fragile, comme si les routes étaient faites en coton. Chaque ampli de puissance a donc été monté sur un nouveau châssis, le poids des transfos d’alimentation étant capables de mettre en péril les fragiles châssis d’origine en aggloméré. Il est très rassurant de voir l’abondance de médecine préventive appliquée par cette équipe. Cette nuit là, un filtre de fréquences en panne fut retiré du baffle et remplacé par un système similaire pendant que le fautif passait sur le banc de dépannage, sur place.

    laus me dit que Frank avait supervisé quasiment tout en matière de micros. La batterie et les percussions sont plus gâtées que dans la plupart des studios. Les percussions, la batterie et les claviers sont mixés sur scène par l’ingénieur du son et les musiciens, qui interviennent ainsi sur leur propre son.

    haque instrument qui utilise plus d’une entrée est mixé en stéréo. Cet effet est particulièrement agréable pour la section de percussion et batterie, dont on peut dire au passage que les cymbales et les caisses ne sonnent pas comme des couvercles de poubelles ou de boîtes de carton.

    n quittant Klaus qui maugréait contre les filtres, j’allai voir Davey Moire, l’homme chargé de la sono mixage. Il officie devant deux Yamaha P11000 modifiés. Davey s’occupe de tous les racks et matériels auxiliaires et de la console. Qui renvoie quatre canaux d’informations vers les baffles et amplis de puissance, avec le même mixage mono/stéréo 4 pistes à 76 cm/seconde, vers le vénérable Scully. Pendant les essais, Davey, et son acolyte qui s’occupe du mixage monitor séparé, se servent tour à tour du générateur de bruit et de leur propre système d’égalisation. Réglages et égalisations sont assez linéaires, avec une petite accentuation (3 à 5 Db) dans le grave et dans l’aigu, et un petit creux aux alentours de 150 herz, qui correspond à la fréquence de résonance des baffles. Avec possibilité d’incorporer un bruit « rose» (Il peut être aussi « blanc») quand la salle a été remplie par le public. Davey pense qu’après trois ou quatre morceaux, le réglage général étant au point, une compensation doit pouvoir se faire pour tenir compte de la modification apportée par le remplissage de la salle. Le niveau normal de puissance étant aux alentours de 95-100 Db, avec quelques pointes à 110, sans que personne ne crie « plus fort », et le son avait une bonne séparation et une excellente clarté.

    ’un dans l’autre, la musique et la qualité sonore furent un véritable plaisir et une expérience pleine d’enseignements. Mais je pense que je terminerai ce reportage par une réponse à une de mes vieilles questions: dans les années soixante, Zappa s sorti un chouette double album Intitulé « Uncle Meat ». Les copieuses notes sur la pochette mentionnaient qu’un passage particulier ne contenait pas moins de 64 pistes de percussions et autres instruments... Comment était-ce possible en 69 ? Par quatre générateurs « edit code SMPTE ». « Je crois que c’est ce qui les rend synchro »...

 
David Clamage, Studio Sound, septembre 1978 Adapté par Francis Vincent
Traduction française : Mick Safont
L’œil de Zappa
Note : un autre aperçu du matériel sur les photos de Buffalo 1978