
ardi.
Grande première du film de Frank Zappa, " 200 motels ", au
Doheny Theater de Beverly HiIls. Après New York et Boston, la
Californie
découvre ce soir le premier film de Frank Zappa, lequel
s’explique ainsi à vous
: « 200 motels » est un documentaire
surréaliste. Ce film retrace des
événements réels et leur extrapolation. Il est
même autobiographique dans
certaines scènes. J’ai toujours été
intéressé par le cinéma. Mes premiers
films en 8 mm remontent à 1958. En tant que compositeur, je
trouve que la
juxtaposition d’éléments visuels avec une architecture
musicale procure
énormément de possibilités dans le champ de
l’exploration du concept. Ce
film nous aura coûté presque trois ans de travail. J’en ai
composé 60 % de la
bande originale dans des motels après des concerts donnés
avec les Mothers en
tournée. «200 Motels» traite de sujets tels que
: les groupies, la vie en
tournée, les rapports avec les spectateurs, le culte du groupe,
la nourriture
macrobiotique, etc. Mais ces sujets, parce qu’ils sont traités
par les Mothers,
un groupe qui sort de l’ordinaire, constituent un documentaire
surréalistique. J’insiste
sur le fait qu’il n’y a aucune unité de temps dans l’action ou
plutôt la
chronologie des événements n’y est pas respectée.
n
tournée, le temps est déterminé ainsi :
lorsque
le manager vous réveille, quand l’avion ou le bus partent, quand
vous installez
la sono et la vérifiez, quand vous jouez, et ce que vous faites
après le show.
L’unité de lieu est indéterminée. Les motels se
ressemblent tous. Même chose
pour les avions et les bus. Les salles de concert peuvent changer un
peu, mais
au bout d’un certain temps vous ne les distinguez plus.
es
spectateurs varient et sont les mêmes aussi. Quand
nous partons en tournée et plus particulièrement pendant
les grandes la vie du
groupe ressemble à celle d’une caserne. Chaque concert est une
campagne.
es
principaux acteurs et leurs rôles respectifs sont les
suivants Theodore Bikel joue Rance Muhammitz, Ringo Starr joue Larry le
Nain,
Keith Moon des Who en nonne très spéciale, Jimmy Carl
Black (l’Indien du
groupe) est Burt, le cow-boy solitaire, Martin Lickert est Jeff, Janet
Ferguson
et Miss Lucy Offerall interprètent les groupies. Dick Barber
(manager des
Mothers) est l’aspirateur industriel et Miss Pamela Miller est
l’intervieweuse.
Mark Volman et Howard Kaylan, vocaux des Mothers jouent un peu en
dehors de
leur véritable personnalité. Frank Zappa y fait des
apparitions assez timides.
Mais «200 motels» est aussi le premier long métrage
en vidéo. Les effets
optiques créés par cette nouvelle technique
électronique ont des répercussions
étranges sur vos sens. Je crois que c’est aussi l’impression
générale qui
ressort de ce film en couleurs naturelles et déformées et
dessins animés, mais
dont le mérite aura été d’y découvrir de
nombreuses réalités. Frank Zappa aura
observé, debout au fond de la salie, les réactions des
spectateurs qui
applaudiront par trois fois durant la projection.
Parution :
Best N°46 de janvier 1972
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