Album sorti en Novembre 1972. |
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Stu (c'est le prénom de l'Oncle Viande) s'accroupit d'un air malveillant du côté de la bibliothèque et fouine dans un tas de livres, de disques, d'articles de journaux, de brochures religieuses et de badges électoraux. Il frotte doucement une rougeur sur sa gorge et marmonne : " Oui, oui... tout est là... rien ne manque... tout ce qu'il me faut pour créer mon plus grand chef d'oeuvre ! " Après avoir entassé avec excitation tout l'attirail sur l'étagère supérieure vide de la bibliothèque, Stu se faufile vers le bureau, revêt sa visière de protection verte et ses gants de jardin, émet son rire pseudo-scientifique déposé, et se met à secouer frénétiquement le manche de ce gros commutateur électrique dont il se sert tout le temps. Comme on pouvait s'y attendre, de grosses étincelles pètent de partout et l'ampoule du plafond se met à clignoter. Une partie de violoncelles filtrés se met à faire TSON TSON TSOOOON, mais on ne l'entend pas car les effets sonores sont trop bruyants. Lorsqu'il coupe le commutateur, les étincelles et le bruit cessent ; tout comme livres, brochures, etc... se sont évanouis. A leur place, à l'extérieur du labo, se trouve, à moins d'une lieue, reproduite grandeur nature et dans ses moindres détails, une réplique quelque peu dénaturée et historiquement fausse de la ROME ANTIQUE, ou quelque chose d'approchant. Le Maître de cette illusion se trouve être CLEETUS AWREETUS AWRIGHTUS, l'Empereur du Funk. CLEETUS a une armée fantastique de musiciens au chômage. Lui et son armée font tourner la baraque quand ils ne font pas la guerre au traître de service, le chimérique MEDIOCRATES OF PEDESTRIUM. MEDIOCRATES possède lui aussi une armée fantastique. Ces deux armées se battent chaque semaine le lundi. Le résultat de chaque bataille hebdomadaire est annoncé sur les panneaux d'affichage, les prospectus, les aqueducs peints à la bombe et les tablettes de pierre qu'on appelle le HIT PARADE. Tous les empereurs, funky ou pas, ont leurs problèmes à résoudre, et CLEETUS ne fait pas exception à la règle. En plus de cette guerre de longue date existe un problème de troubles civiques. Un culte saugrenu d'ascétiques fanatiques masochistes n'aimant pas la musique est brusquement apparu dans les catacombes, sous les thermes mêmes de l'empereur. Ces gens s'appellent les QUESTIONS. Dans l'auditorium municipal, CLEETUS les traite avec bienveillance. Une fois ceux-ci capturés et oubliés pour un moment, on annonce au reste du GRANDPUBLIC l'ouverture d'un FESTIVAL. Dans l'arène au parterre de sable, le genre dont vous avez l'habitude, on piétine les QUESTIONS. C'est ce moment que choisit CLEETUS pour faire son entrée en grand tralala et s'adresser aux QUESTIONS par l'intermédiaire d'un mégaphone surdimensionné, primitif-mais-efficace, connu sous le nom de GRAND WAZOO. Il commence ainsi : "Salut, chats et chatons !", à quoi la foule répond : "AWREETUS ! AWRIGHTUS ! AWREETUS, CLEETUS !" Là-dessus l'empereur demande : "Y'en a parmi vous qui chantent, dansent ou jouent d'un instrument de musique ?" En de rares occasions, une ou deux QUESTIONS se dressent parmi les fanatiques et lèvent la main pour signifier un quelconque talent refoulé ou un intérêt pour les choses de nature musicale. Ces QUESTIONS amendées sont autorisées à quitter l'arène pour rejoindre l'armée de CLEETUS(qui est en fait un BIG BAND). Au lieu d'un camp d'entraînement, on les envoie travailler dans l'une des nombreuses boîtes de nuit sans le haut/sans le bas offrant de la bière, sous les ordres attentionnés d'un PROPRIETAIRE DE CLUB sensible et compréhensif qui les formera en vue du gros truc. Une seconde chance est donnée aux QUESTIONSqui n'ont pas répondu la première fois, sous la forme d'une vierge nubile en tenue légère qui se précipite parmi eux armée d'une boîte en carton aux couleurs gaies contenant des CUILLERES, et s'ils font preuve à leur contact de la moindre propension naturelle au rythme, on les libère et on les envoie à Nashville. Après s'être montré le plus juste possible envers les prisonniers,CLEETUS doit à présent se débarrasser à regret de ceux qui refusent d'amender leur conduite anti-musicale. Inclinant la tête, d'une tristesse officielle, il fait le signal secret au joueur de piano électrique de la fosse qui démarre alors sur une intro funky. A la fin de celle-ci, marquée par l'entrée de la batterie et des guitares électriques, s'avance une procession de représentants de syndicats, de mouchards, de videurs et de négociateurs, tous habillés avec goût et tirant de tout leur poids sur un câble de Nylon sans tache, le tout propulsant au centre de l'arène un gros chariot impressionnant de prospectus radio. Le chariot contient une sorte d'aquarium géant dans lequel on voit frémir une quantité impressionnante de TID (Tissu InDifférencié), l'accumulation symbolique de toutes les erreurs de statistiques et toutes les vaines tentatives de la communauté scientifique de cet empire imaginaire. Le réservoir fétide est remorqué jusqu'à une distance fatale pour les non-musiciens. Les gens des syndicats s'en vont, selon leur habitude, et, après avoir reçu une pléthore de félicitations, de récompenses, de cartes de visite professionnelles et de donations de fonds, ils tiennent, sur le côté, une réunion de leur conseil d'administration durant laquelle il est décidé, à l'unanimité, d'apporter une solution finale aux QUESTIONS. La solution elle-même est déclenchée sous la forme d'un accord de guitare suraigu qui brise le verre du réservoir de TID. Celui-ci marmonne et fume pendant un instant, puis finit par tous les engloutir. Le calme retombe sur l'arène tandis que les vapeurs se dissipent et que l'orchestre, dans la fosse, reprend triomphalement le thème d'ouverture. Passée la partie de plaisir de l'arène, c'est le retour à la normale et au boulot pour CLEETUS. Il se retrouve dans ses appartements royaux pour prendre un dîner protocolaire en compagnie de son équipe. A sa droite, ceux qui lui apportent leur soutien nécessaire : ERRONE, son bassiste, GREGAIRE, son batteur et PER DIEM, son roadie. A sa gauche, il garde les autres, cette espèce de gens qui ont tendance à traîner avec tous les empereurs : TRIVIA, une nana chaude qui aime bien se faire fouetter, CRETINUS, le biographe, ABOMINABLE, le gars à la moustache longue et filiforme, qui donne des conseils, EQUILIBRIUM, le pharmacien, DYSMENHORREA, l'oracle féminin atteint de strabisme, PHOTON, le chef éclairagiste et ainsi de suite tout autour de la table. Chaque semaine, au même point dans le déroulement de la cérémonie du dîner, juste avant que l'on serve les pessaires à l'huile, un coureur épuisé fracasse la porte, tombe à genoux devant l'empereur et ahane : "Ils arrivent ! Vite ! Ils vont nous encercler !" On ranime alors le coureur (qui s'évanouit toujours à ce moment-là) à l'aide d'une radio à transistors branchée sur Wolfman Jack. Une fois ses esprits retrouvés, des gardes l'emmènent dans un autre endroit où on le cuisine et où on le chauffe pour en obtenir plus amples informations. CLEETUSappelle immédiatement son service. On affecte des instructeurs àBEN-HUR BARRETT pour engager l'armée entière (si Motown le laisse prendre des travailleurs d'appoint, le sien étant peut-être le travail le plus intérimaire qui existe). Les forces combinées de l'Armée Awreetus comprennent 5000 cuivres (assortis) formant L'ARMEE DE L'AIR, 5000 batteurs (assortis), L'ARTILLERIE, 5000 instruments électriques (assortis), LA SECTION DE GUERRE CHIMIQUE/BIOLOGIQUE/PSYCHOLOGIQUE et 5000 types avec des planches d'aggloméré sanglées sur la poitrine, tenant fermement une moitié de noix de coco dans chaque main, qu'ils tapent en rythme sur leur planche, LA CAVALERIE. CLEETUS les mène à la bataille avec son étincelant COR MYSTERIEUX (cet instrument est considéré par beaucoup comme n'étant rien de plus qu'un saxophone de mélodie en Do, emprunté à Jackie Kelso). L'armée ennemie de MEDIOCRATES OF PEDESTRIUM (connue sous le nom deLA MOP*) possède des sections similaires, à l'exception d'un peloton supplémentaire de sinistres mercenaires répondant au nom de LA SECTION DE CORDES ou, en alternance, L'EDULCORANT. La différence majeure entre les deux armées réside dans le fait que LA MOP s'appesantit sur les vocaux. LA MOP possède 5000 vocalistes masculins pleins d'entrain en smoking, ciblés tous publics, délaçant leur noeud-pap et arquant le sourcil, 5000 vocalistes masculins pleins d'entrain en vestes à franges, tuniques, pull-overs, chemises porno, 5000 vocalistes masculins pleins d'entrain mais soigneusement sous-estimés, dans de vieux Levis, pleurant, boudant, gémissant et soufflant dans un harmonica et 5000 artistes de plus au sexe indéterminé, ne sachant pas du tout chanter mais dansant bien et effectuant des mouvements sexy avec le câble de micro. Le tout est renforcé de 100.000 choristes féminines (assorties) en soutien, se déhanchant de manière étudiée et suant sur commande. Et si cela ne suffisait pas, il y a encore 5000 chanteuses vedettes, dont beaucoup sont si délicates qu'on ne les voit pas, alors que les autres sont si attirantes qu'elles font mal aux yeux dès que la lumière tombe sur elles. Tous les lundis, LA MOP traverse le Pays d'Awreetus et prend position le long de la métropole principale. A l'aide d'un émetteur portable, petit-mais-puissant, les forces armées de MEDIOCRATES se mettent à fredonner, se pavaner, faire les idiots et balancer un barrage de CHANSONNETTESsuspectement accessibles sur les ondes, en un essai pour soumettre les braves gens de la ville à une anesthésie extatique. CLEETUSet l'Armée d'Awreetus défendent leur territoire en marchant vers un monticule proche tout en jouant un shuffle. |
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