![]() 1981. Tinseltown est conforme à ce qu'on attend généralement d'un homme qui, tout au long de près de trente disques, a atteint une sorte d'universalité (son public composite en est la preuve vivante!). Frank Zappa s'est construit un univers sur mesure qui enchante les uns, exaspère les autres. Il peut puiser sans effort dans tous les gimmicks dont il est l'inventeur, utiliser les clins d'œil à l'intérieur de son système de références: l'attrait de la nouveauté y perd, mais la cohérence de l'œuvre y gagne. D'ailleurs, en cette année 1981, la production discographique n'est plus qu'un support. L'événement musical, les morceaux inédits, les gags, c'est désormais en concert qu'ils sont expérimentés. Tinsel- town s'inscrit donc tout à fait logiquement dans ce processus: la plupart des chansons datent de 1978, comme Easy Meat et Bamboozled by Love, et n'ont été présentées en France qu'en 1980. Les titres proposés ici sont extraits de deux tournées différentes. ![]() Tinseltown est donc la première rétrospective Live de Zappa, puisque la compilation Mothermania était une sélection studio. Tinseltown est un excellent diaporama musical des prestations scéniques de F.Z. Grande serait l'erreur d'y voir un quelconque désordre. Tinseltown est en partie construit d'après les livrets spéciaux des deux tournées 1980 (US et Europe). Livrets qui contenaient dans les lyrics de chaque chanson la clé du titre et du thème de la suivante. Évidemment, Zappa ne serait pas tout à fait Zappa sans ce besoin irrépressible du commentaire social, de l'ironie acerbe, du texte polémique. De ce point de vue, Tinsel- town marque un retour certain vers la verve satirique du passé. Zappa se moque ici des petits malins de la new-wave californienne (Tinseltown = Hollywood), mais ailleurs, en tournée, dans une chanson restée inédite, il pourfend les nostalgiques de Janis, Hendrix ou Morrison (We're tuming again). Tinsel- town a aussi son petit parfum (ce n'est guère le bon mot) de scandale: écoutez Zappa faire la collecte de petites culottes usagées dans panty Rap, afin de faire un kilt, aujourd'hui exposé dans une galerie d'art par sa « créatrice», Emily James. En résumé, nous avons la recette d'un excellent Zappa, parsemé de sketches et d'un hommage à Conlon Nancarrow (peaches III). Eclectique et pédagogique (ah, les nouveaux fans !), Tinseltown ne néglige pas la part d'outrages qui a valu à Oncle Frank sa réputation de pervers-pépère. ![]()
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