1981.
C'est
en 1969 que Zappa a songé à distribuer ses disques par
correspondance. Douze ans plus tard c'est chose faite avec la
distribution américaine, par Barking Pumkin Records, son nouveau
label, d'un coffret consacré à la guitare. A priori, la
simple idée de sortir trois disques de guitare aurait fait
hurler de rire ou de terreur n'importe quel directeur artistique d'une
compagnie discographique. On
ne s'en étonnera qu'à moitié à la lecture
de leurs indigents catalogues, et, a contrario, on sera surpris (mais,
faut-il l'être) de la grande connaissance de son public par
Zappa. En effet, le succès de Shut up 'n Play yer Guitar est
immédiat, et ne s'est jamais démenti depuis. Il obtient
même plusieurs oscars dans différents pays, et le Grand
Prix du disque en France. Dans les revues spécialisées,
des numéros spéciaux sont consacrés à
Zappa, qui tient désormais une chronique régulière
dans Guitar Player. L'engouement est tel que l'année suivante
sort un livre de 300 pages consacré aux solos de guitare de
Zappa.
Il est vrai que Shut up est un
monument érigé à la guitare, qui ne pouvait que
combler une partie des fans, toujours frustrés de ne pouvoir
ré-entendre les solos exécutés par Zappa en
concert. Car, à deux ou trois exceptions près, Zappa nous
présente ici des solos «live». Dans ce coffret, sont
passés en revue tous les styles d'improvisation
«dérangée» de Zappa, son goût pour la
mélodie et l'émotion, les sons souvent torturés de
sa guitare, le déferlement des doubles et triples croches
faisant suite à des notes tenues, étirées, et,
peut-être le plus important, la diversité rythmique
proposée. Légèrement négligé
à ce niveau, Zappa s'affirme ici comme un des orfèvres en
matière de guitare, atteignant des sommets dont seuls peuvent se
prévaloir en guitare pop, Jeff Beck, Jimi Hendrix, Eric Clapton,
ou Carlos Santana.
|