1979. Zappa cultive le paradoxe avec une certaine habileté, volontairement ou non. Pendant deux ans privés de disques, les amateurs de Zappa reçoivent en un an quatre albums dont deux doubles. Entre deux procès, une tournée, et la préparation de son prochain film (Baby Snakesj, Zappa ménage toujours quelques rebondissements qui surprennent tout le monde. Sheik Yerbouti est une surprise en tout cas, pour ceux qui n'avaient vu dans les dernières livraisons Warner qu' «intellectualisme abrupt». Il est vrai que Sheik Yerbouti est placé sous le signe d'une intense jubilation, avec des kilos d'énergie déployés sur chaque face. On rit franchement à l'évocation de Bob Dylan (Flakes), ou de Peter Frampton (l've been in you) ; on est secoué par les rythmes d'enfer de Broken Hearts are for Assholes et la sauvagerie néo-punk de l'm so Cute. Branché, l'oncle Frank ! Zappa sait tout faire, du spiritual à la sauce funky de City of Tiny Lights au disco de Dancinfool, du tango de Yerbouti Tango au solo de Rat Tomago (tomato rag?). Sans oublier l'admirable Bobby Brown (( Oh god, I am the American dream/But now I smell like vaseline/An'I'm a miserable sonofa- bitch. »), ni la superbe pochette. A tout prendre, ce disque est bien la meilleure réponse que pouvait donner Zappa à tous ceux qui pensaient qu'il suffirait d'une cold-wave, d'un after-punk, que sais-je encore, pour le ranger parmi les pop-stars fatiguées. Laissons ces freluquets chercher dans les hebdomadaires anglais la température de leurs prochaines acnés. Zappa est bien le maitre à composer de cette époque (ce disque en est la preuve indélébile), et pour longtemps. Voir la traduction de l'album
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