1974, Avec «
Overnite » et « Apostrophe » Zappa est devenu
réellement populaire. Autant par goût que par
nécessité, il va partir de nouveau sur les routes, avec
au programme une tournée européenne qui lui permettra de
fêter à Paris les dix ans d’existence des Mothers, De
cette époque il nous reste « Roxy & Elsewhere »,
double Lp parfaitement justifié par la qualité de son
contenu, Contrairement aux précédents albums « live
» de Zappa, celui-ci est en effet une réussite
complète. Il met en scène un complice, de
toujours, Don Preston, mais aussi Chester Thompson (weather Report),
Napoleon Murphy Brook, George Duke et Ruth Underwood, formant
(avec le trust familial des Fowler) sans doute la meilleure formation
des Mothers qu’on ait vue. Le background général de
l’album est funky, mais évoque d’anciens thèmes aussi
(« Son 0f Orange County »), glisse volontiers vers le rock
le plus pur (« More Trouble Every Day»), la ballade
(« Village 0f The Son »), le jazz, décapité
en sketch (« Be-bop Tango »), voire la parodie d’Emerson,
Lake and Palmer « Edchina’s Arf »).
Les préambules introduisant chaque face nous font entrer dans
l’atmosphère des films d’épouvante (monster movies), des
dessins animés, ou encore des histoires obscènes à
la Zappa. Tout est extrêmement contrôlé dans ce
disque, de l’admirable voix « soul » de Nap. Murphy Brock
à la virtuosité de Ruth Underwood, dont on ne soulignera
jamais assez ce qu’elle a apporté aux Mothers, tous les deux
soutenus par les claviers de George Duke, Zappa étant tout
simplement somptueux dans ses solos de guitare, explorant du
côté d’Hendrix, Canned Heat ou Santana, à
l’occasion, ou citant quelques thèmes anciens comme « 0h
No » (« Weasels Ripped My Flesh »).
Les morceaux contenus ici formeront l’armature du show vidéo que
Zappa prépare pour la T,V, (diffusé par Antenne 2 dans
« Juke-Box »), et, loin de constituer le bilan de dix
années d’expériences, ils sont à la base des
nouvelles préoccupations de Zappa, qui connaîtront leur
apogée avec le chef-d’oeuvre des chefs-d’oeuvre: « One
Size Fits All »
FRANCIS VINCENT.
|
|