1968. « Uncle Meat » est un album concept, typique du style de Zappa, le Fu-Manchu de la musique pop. Un collage dadaïste où se côtoient les rengaines les plus stupides dans l’absurdité de leur non-sens, les musiques contemporaine et baroque, le free-jazz et des particules de vie quotidienne (« Voice 0f Suzy Creamcheese», « Bizarre Relationship»). Avec pour tout fil conducteur the Big Note, la Grande-Note qui est le signe de reconnaissance infaillible pour tout zappaphile quelque peu averti. Mais sous ces grands mots se cache une réalité toute simple: la Grande Note, c’est l‘ensemble des idées fixes, des tics et autres gimmicks typiquement zappaiens permettant d’identifier tout de suite la musique du Maître, Elle est très souvent matérialisée, comme dans « Uncle Meat», par les percussions, spécialement les marimbas. « Uncle Meat » est une petite pièce pour clavecin et percussions dont le charme désuet précède le boogie désintégré de « Nine Types 0f Industrial Pollution», proche du « Ionisation » de Varèse, Zappa a toujours affectionné l’écriture de Stravinsky et aime à composer dans ce style, comme en témoignent « Uncle Meat Variations», « Zolar Czakl » ou « Dog Breath ». « King Kong», le plat de résistance de ce double album, est une longue suite en jazz, permettant de splendides solos au saxophoniste Bunk Gardner et au pianiste Don Preston, figures légendaires des Mothers, tandis que « Project X», première mouture de « Black Page »,oscille vers la musique dodécaphonique. Quant au « Prelude To King Kong», c’est un hommage non déguisé à Albert Ayler. « Soit un groupe de huit musiciens qui connaissent toutes les musiques (Varèse, Stockhausen, Omette Coleman, Coltrane, les Beatles, les fanfares, Shepp, le jazz traditionnel) et qui parviennent à imposer LEUR musique en utilisant tous les moyens, trucs, gimmicks, ou gags, que l’actualité met à leur service. Popularité, synthèse, pouvoir de charme et de choc: (l‘oeuvre de Frank Zappa, c’est peut-être un rêve de Sun Ra devenu réalité. » (P. Carles, «Jazz Mag. » n° 161) FRANCIS VINCENT. Voir la traduction de l'album
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