1967.
Toute une jeunesse, issue de la middle-class, emboîte le
pas aux Beatles, avide de gurus indiens, de sciences occultes et de
visions psychédéliques. Zappa va prendre le contre-pied
de toute cette mythologie béatifiante (bêtifiante?) du
Flower Power, y voyant une nouvelle manifestation de la
naïveté stupide de sa génération en
même temps qu’une ruse du Pouvoir « Peu importe les
vêtements qu’ils portent, la majeure partie des jeunes
Américains continuent à penser comme leurs parents,
adoptant les vieux préjugés et les vieilles
stupidités sous un travestissement différent... »
(« Actuel » n°3 )
Après une série de concerts dévastateurs en
compagnie des Fugs, et après avoir demandé l’autorisation
à Paul McCartney de parodier la pochette de « Sgt.
Pepper», qui en eut des sueurs froides dans le dos, Zappa publie
«We’re Only In It For The Money» (allusion aux royalties
que touchent les Beatles avec leur new-look hippisant). C’est une
critique acerbe, parfois même cruelle de la vie quotidienne
misérable des hippies, et de leur jeunesse paumée
(« Flower Punk»), A partir de ballades aux thèmes
sinistres (« Mom & Dad », « Idiot Bastard Son
»), et par l’emploi soigneusement dosé des contrastes et
des ruptures, Zappa crée avec cet album l’une de ses meilleures
bandes de studio, utilisant sans vergogne l’inversion de bandes
magnétiques, l’over-dubbing et les techniques
électro-acoustiques. D’une subtilité toujours
renouvelée (ayez quand même une bonne chaîne !.)
FRANCIS VINCENT.
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